M-à-J : samedi 1er juin 2013

 
 

 


Marche d’une nuit d’été


Première publication : 9 juin 2005, mise en ligne: vendredi 6 octobre 2006

Nous étions tous là, ce 9 juin 2005, dans notre amphi préféré, devant Jussieu avec la Seine projetant sur nos instruments mille rayons d’or nous invitant à jouer, à rire, à danser.

Certains avaient sorti leur pique-niques, d’autres un violon, une cornemuse un bodhran ou que sais encore de festif pour honorer cette belle soirée.

Mais qu’attendent-ils donc ces musiciens pour nous faire envoler sur cette piste qui n’attend que cela ?

Un bruit court, funeste, nous n’avons plus le droit de jouer. Comment, que se passe-t-il ? Cela recommence ? Des riverains ont porté plainte. Contre qui ?

Pourquoi ? Justement j’allais me plaindre qu’ils ne jouaient pas assez fort et qu’au delà de six mètres ont entendait plus rien.

C’est la désolation, pas de musique ce soir que fait-on ?

On attend Marc. Marc saura ce qu’il faut faire, en attendant on s’informe.

Les policiers sont arrivés et confirment l’interdiction. La demande a été déposée à la mairie, elle est maintenant en cours d’instruction à la préfecture mais, le temps d’avoir le feu vert, il ne faut plus jouer de musique sur les bords de Seine.

Marc arrive.

Comme un chevalier venu nous sauver il tire de sa poche un portable et téléphone au commissariat. Chantez, dansez nous dit-il en brandissant son téléphone, et montrez leur que nous sommes là !

Oui ! Nous connaissons tous des chansons trad !

Prends ma main, je prends la tienne, nous faisons un cercle l’un de nous chante, les autres répondent, la danse commence, le cercle s’élargit des gens qui viennent nous rejoindre, un courant passe, les poitrines se gonflent, les notes ne sont pas toujours justes mais elles sont sincères et enthousiastes. Un cercle circassien, une polka, un andro, un anterdro, une gavotte, une bourrée auvergante, une autre bourrée, une valse, une mazurka, ah ils ne nous auront pas ! Ah ça ira, ça ira ! À la voix et ça marche aussi et aussi bien ! Les policiers sont restés sur le bord de l’amphi et nous regardent sans y croire. Ces folkeux, ils sont terribles.

Pendant ce temps Marc essaye de négocier, il parlemente au téléphone.

Puis il vient nous rejoindre et nous fait un petit discours que nous écoutons attentivement, assis autour de l’amphi..

En résumé : nous sommes sous la protection de la Mairie de Paris qui a donné l’autorisation pour nos bals folks mais c’est la préfecture qui fait des embrouilles, une demande d’autorisation lui a été faite mais, le temps qu’elle donne son accord, il faudra bien un mois.

C’est la consternation générale. Nous sommes bien 150 maintenant à attendre notre bal et les touristes avec leurs appareils à photo semblent aussi malheureux que nous. Les bateaux mouches n’applaudissent pas comme d’habitude et même les agents de police semblent tristes d’être obligés d’ accomplir un aussi terrible devoir.

Mais Marc lance enfin son cri de guerre : « tous au commissariat ! »

C’est magique. Pique-niques, instruments de musique, tout est remballé en un clin d’oeil et nous nous regroupons autour de notre leader pour le suivre n’importe où il ira et surtout au commissariat !

Une procession d’au moins 150 personnes s’engage sur le quai. Marc ressort son violon, Philippe fait de même, Caty son bodhran, les autres musisiens suivent. Une bourrée de marche, des danseurs en bourrée de marche et en avant !

Les policiers nous rejoignent pour nous suggérer d’attendre d’être dans la rue pour jouer plutôt que sur les quais. Qu’à cela ne tienne, rien ne nous arrêtera plus.

Institut du monde arabe, avenue Saint Germain, rue de la montagne Sainte Geneviève, dans les restaurants les consommateurs ébahis nous regardent passer la bouche ouverte. Les filles et les garçons dansent en marchant et des musiciens les accompagnent en marchant eux aussi. C’était pas écrit dans l’officiel des spectacles, ni dans lylo, ni nul part, d’où cela peut-il venir ?

Nous arrivons enfin rue de la montagne Sainte Geneviève, devant le commissariat du 5ème.

L’accordéon prend place, 3 violons et le bodhran se joignent à lui. La fête continue, il y a assez de place devant le commissariat pour faire le bal.

Nous sommes encore au moins 120 personnes à danser devant le commissariat. Les policiers n’en reviennent pas. Nous ne sommes pas « méchants » et cela se voit. La gaité est communicative et, on a beau être policier.......

Marc est parti parlementer avec les autorités. Nous sommes tous avec lui par la pensée. Nous avons oublié l’air pour la chapeloise, pas grave nous faisons un cercle circassien. La valse tire un peu plus sur le musette que sur le folk et alors ? Nous aurons notre autorisation !

Des agents des force de l’ordre sont bretons et demandent du breton, qu’à cela ne tienne, un petit andro.

Une demi heure plus tard Marc revient et nous annonce que le commissariat lui a donné la même réponse que précédemment : cela prendra peut-être un mois, en attendant il faudra chanter ou aller jouer ailleurs.

Nous repartons tous ensemble vers les quais, toujours en jouant et en dansant, traversons le pont de l’Alma, tournons à droite pour nous arrêter enfin sur l’autre versant de la Seine. Le côté droit, celui qui a gardé ses pavés, là où les super bateaux ont des chambres de ravitaillement aménagés sous les murs de Paris, là où nous gênons vraiment les boites à Tourisme à tourner en rond dans les bâteaux mouche de luxe.

Que faire ? Nous ne savons que danser, rire et jouer de la musique. Nous faisons donc, sur ces vilains pavés qui nous tordent les chevilles, la bourrée d ’honneur, la valse des roses, la bourrée à deux temps, la danse des ours et puis... et puis notre vie de folkeux irréductibles continue et nous finirons bien par l’avoir cette autorisation, non ?

Affaire à suivre......


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